Emmanuel REGNIEZ
Roman
L' AUTEUR :
Ecrivain belge de langue française. Il est libraire à Mons dans la librairie « le Cent Livres ». Il est l'auteur de l'ABC Gothique en 2012.
Il a écrit dans un article de presse : « je soigne ma mélancolie en me racontant des histoires qui pourraient me faire peur ».
LE LIVRE :
Notre château (141 pages - 2016) Editions Le Tripode
Sélection 2016 pour le prix du Premier roman du Festival de Chambéry
Véra et Octave, la sœur et le frère, vivent dans une bâtisse imposante à l'écart de la civilisation. Octave ne sort que le jeudi pour aller dans une librairie acheter les livres que sa sœur et lui veulent lire. Véra ne sort que dans le jardin parfois pour s'occuper des fleurs. Ils vivent là depuis une vingtaine d'années, ne voient et ne connaissent personne. Ils vivent l'un pour l'autre. Un jeudi, cette vie bien huilée vole en éclats....
BIBLIOGRAPHIE :
C'est le premier roman de l'auteur.
MON AVIS :
Le roman m'a déroutée au début à cause de l'écriture avec ses répétitions mais curieusement je n'ai pas pu le lâcher avant de le terminer. Est-ce l'ambiance, le style de l'écriture, les personnages, l'histoire ? Je ne saurais dire ce qui m'a le plus « envoûtée ». J'ai eu l'impression de me retrouver dans ces romans fantastiques de Chateaubriand ou de Maupassant. Beaucoup d'adjectifs décrivent ce roman : obsédant, étrange, mystérieux, lancinant, irritant et réussi !
LES PLAISIRS DE LA TABLE :
Pas de recette de cuisine avec le livre mais plusieurs précisions :
tout d'abord, à la fin du roman figure une série de photographies du peintre anglais Thomas EAKINS (1844-1916) que l'auteur présente car il l'a découvert en terminant son livre.
A chacun d'y voir des corrélations ou non avec le roman.
Et puis j'ai souhaité proposer un extrait du livre pour donner un aperçu du style original de l'auteur :
« Je vais en ville le jeudi et uniquement le jeudi. Principalement pour aller chercher des livres. Des livres pour moi. Des livres pour ma sœur, Véra. Le mercredi soir, elle me prépare une liste de quatre ou cinq livres qu'elle désire, me dit-elle, ardemment lire. J'aime bien quand elle insiste sur le ardemment. « Voilà la liste des livres que je désire ardemment lire. » Et le libraire, un homme passionné, et sans doute passionnant si je prenais le temps de parler un peu avec lui, a toujours les livres que ma sœur désire ardemment lire. Pour moi, peu importe si les livres sont là ou non. Je suis patient. Même si je n'ai jamais eu besoin de commander un seul livre. Le libraire a toujours les livres que je désire lire. Mais s'il ne les avait pas, je pourrais les commander. Je suis patient. Je commanderais. Cela ne me dérangerait pas d'attendre une semaine avant d'avoir les livres que je veux lire. Sans doute, au contraire de ma sœur, je ne désire jamais ardemment lire tel ou tel livre. Ma sœur et moi n'avons pas les mêmes ardeurs. Ma sœur et moi ne plaçons pas nos ardeurs au même endroit. Ma sœur tient beaucoup à avoir les livres qu'elle désire ardemment lire le jeudi en fin de journée. Pas la semaine suivante. Ce sera trop tard. Je ne commande jamais de livres pour ma sœur. Elle n'aura plus envie de les lire la semaine suivante. Mais comme je l'ai déjà dit, le libraire, homme passionné, a toujours les livres que ma sœur désire ardemment lire. Et il a toujours ceux que je désire lire. »
Martine M.